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Comment faire du HTTPS chez soi (quand son infrastructure est privée) | 2024-07-02T21:00:50+02:00 | true | true |
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Le problème quand on a une infrastructure chez soi
Cela fait plusieurs années que je maintiens ma propre infrastructure chez moi, mais l'un des problèmes les plus pénibles lorsque l'on commence ce type de projet est la fameuse page Attention: risque de sécurité qui apparaît lorsque l'on utilise un certificat autosigné, ou lorsque l'on essaye d'utiliser un mot de passe sur un site web ou une application servie uniquement via HTTP.
Si on peut accepter cela si on est seul·e sur son infrastructure, ou son environnement de dev, cela commence à poser des problèmes dans d'autres contextes :
- Ce n'est pas acceptable d'exposer publiquement un site web présentant ce problème
- Cela paraît douteux de conseiller à ses ami·es ou fanille "t'inquiète, je sais que ton navigateur te montre un gros avertissement en rouge là, mais tu peux accepter". C'est juste une très mauvaise habitude à avoir
- Au bout d'un moment c'est vraiment pénible de voir cette page à chaque fois
Heureusement, il y a une solution pour cela. Vous la connaissez sûrement déjà, et cela fait maintenant presque dix (10) ans que cela existe, c'est Let's Encrypt, et le protocole ACME.
{{< callout type="note" >}} Je vous jure que ce n'est pas encore un nouveau tuto Let's Encrypt. Enfin, en un sens c'est le cas, mais c'est un peu plus spécifique ici. {{< /callout >}}
La solution Let's Encrypt
Let's Encrypt, c'est quoi?
Let's Encrypt est une autorité de certification non-lucrative fondée en novembre 2014. Son objectif principal était de proposer une façon facile, et gratuite d'obtenir un certificat TLS afin de rendre facile le HTTPS partout sur le Web.
Le protocole ACME, développé par Let's Encrypt, est un système de vérification automatique visant à faire la chose suivante :
- vérifier que l'on possède le domaine pour lequel on veut obtenir un certificat
- créer et enregistrer ce certificat
- délivrer le certificat à l'utilisateur
La majorité des implémentations client de ce protocole proposent également un système automatisé de renouvellement, réduisant davantage la charge de travail pour les administrateur·ices système.
Les spécifications actuelles du protocol ACME offrent le choix entre deux (2) types de challenge afin de prouver le contrôle sur le domaine : HTTP-01 et DNS-01.
{{< callout type=note >}} En vérité, il existe deux (2) autres types de challenges : TLS-SNI-01 aujourd'hui déprécié et désactivé, ainsi que TLS-ALPN-01. Ce dernier s'adresse à un public très spécifique, et nous allons donc complètement l'ignorer pour le moment. {{< /callout >}}
La solution habituelle : le challenge HTTP
Le challenge HTTP-01 est le type de challenge ACME le plus courant. Il est largement suffisant pour la majorité des cas d'usage.
Pour ce challenge, on a besoin des éléments suivants :
- Un nom de domaine et un enregistrement pour ce domaine dans un serveur DNS public (cela peut être un serveur DNS self-hosted, celui du provider DNS, etc)
- Un accès à un serveur avec une adresse IP publiquement accessible
Ce type de challenge se déroule de la façon suivante (de façon schématisée et simplifiée)
- Le client ACME contacte l'API Let's Encrypt afin de commencer le challenge
- Il obtient un token
- Ensuite, il va démarrer un serveur dédié, ou éditer la configuration du serveur Web actuel (nginx, apache, etc) afin de serveur un fichier contenant le token et l'empreinte de la clé de notre compte Let's Encrypt
- Let's Encrypt va ensuite essayer de résoudre notre domaine
test.example.com
- Si la résolution fonctionne, Let's Encrypt va accéder à l'URL
http://test.example.com/.well-known/acme-challange/<TOKEN>
et vérifier que le fichier généré à l'étape 3 est bien servi avec le contenu attendu
Si tout se déroule comme prévu, alors le client ACME peut télécharger le certificat et sa clé, et on peut configurer notre reverse-proxy ou serveur pour utiliser ce certificat, et c'est bon.
{{< callout type=help >}} Ok, super, mais mon app c'est l'interface de management de mon serveur Proxmox, et franchement je ne veux vraiment pas la rendre accessible publiquement, du coup ça marchera comment ? {{< /callout >}}
Dans ce cas, ce type de challenge ne fonctionnera tout simplement pas. En effet, pour ce type de challenge, le serveur applicatif doit être public. Ce type de challenge cherche à montrer que l'on a le contrôle sur la destination ciblée par le domaine (même si on n'a pas le contrôle sur le domaine lui-même). En revanche, le challenge DNS-01 permet de répondre à ce besoin.
Si cela ne suffit pas : le challenge DNS
Comme on l'a dit précédemment, parfois, pour diverses raisons, le serveur applicatif se trouve dans une zone privée. Il ne doit être accessible que depuis un réseau privée, mais on aimerait quand même pouvoir avoir recours à un certificat gratuit Let's Encrypt
Dans cet objectif, il existe le challenge DNS-01, dont l'objectif est de prouver le contrôle du serveur DNS (ou plutôt de la zone DNS), et non du serveur applicatif.
Pour ce type de challenge, les éléments suivants sont nécessaires :
- Un serveur DNS public dont on a le contrôle (ici encore, il peut s'agit d'un serveur self-hosted, de l'interface de notre provider, etc)
- Un client ACME qui n'a pas besoin d'être sur une machine publiquement accessible
Ensuite, le challenge se déroule de la façon suivante :
- Le client ACME demande à l'API Let's Encrypt de démarrer le challenge
- Le client obtient un token en retour
- Le client crée ensuite un enregistrement
TXT
sur_acme-challenge.test.example.com
, dont la valeur est dérivée du token et de la clé utilisateur Let's Encrypt - Let's Encrypt essaye de résoudre l'enregistrement
TXT
en question, et vérifie que le contenu est correct.
Si la vérification se déroule correctement, il est ensuite possible de télécharger le certificat et la clé associée, comme pour le type de challenge précédent.
Il faut noter que à aucun moment Let's Encrypt n'a eu besoin d'avoir accès au serveur de l'application car ce challenge a pour objectif de montrer que l'on contrôle le domaine, pas que l'on contrôle la destination de ce domaine.
Si je veux obtenir un certificat valide et vérifiable pour mon interface Proxmox, c'est ce type de challenge que je vais vouloir utiliser. En effet, cela me permet d'obtenir mon certificat valide sans pour autant rendre public mon serveur Proxmox. Voyons-voir comment cela fonctionne en pratique.
Comment faire un challenge DNS en pratique
Dans le cadre de cet example, je vais essayer d'obtenir un certificat pour mon propre domaine
test.internal.example.com
. Comme ce nom le suggère, il s'agit d'un domaine interne qui ne
devrait pas être publiquement accessible, ce qui signifie que je vais utiliser un challenge
DNS. Je ne veux pas vraiment utiliser l'API de mon provider DNS pour cela, et je vais donc
me reposer sur un serveur bind self-hosted.
Configuration du serveur DNS
La première étape est de configurer un serveur DNS. Pour cela, je vais simplement utiliser un server bind installé depuis mon gestionnaire de paquets habituel.
# exemple pour Debian 12
sudo apt install bind9
La majorité de la configuration se produit dans le dossier /etc/bind/
, et principalement
dans le fichier /etc/bind/named.conf.local
root@dns-server: ls /etc/bind/
bind.keys db.127 db.empty named.conf named.conf.local rndc.key
db.0 db.255 db.local named.conf.default-zones named.conf.options zones.rfc1918
Commençons par déclarer une première zone pour le domaine internal.example.com
. On ajoute
la configuration suivante au fichier /etc/bind/named.conf.local
zone "internal.example.com." IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
Cela permet de déclarer une nouvelle zone dont le contenu est décrit dans le fichier
/var/lib/bind/internal.example.com.zone
.
À présent, on va créer la zone elle-même. Une zone DNS a une structure de base qu'il faut suivre.
$ORIGIN .
$TTL 7200 ; 2 hours
internal.example.com IN SOA ns.internal.example.com. admin.example.com. (
2024070301 ; serial
3600 ; refresh (1 hour)
600 ; retry (10 minutes)
86400 ; expire (1 day)
600 ; minimum (10 minutes)
)
NS ns.internal.example.com.
$ORIGIN internal.example.com.
ns A 1.2.3.4
test A 192.168.1.2
Ce fichier déclare une zone internal.example.com
, dont le serveur maître a pour nom
ns.internal.example.com
. On définit également une série de paramètres (durée de vie
des enregistrements, numéro de série de la zone, etc).
Enfin, on crée deux (2) enregistrements A
afin d'associer le nom ns.internal.example.com
à l'adresse IP 1.2.3.4
, et test.internal.example.com
(qui est le domaine pour lequel on
voudra un certificat) à une adresse IP locale 192.168.1.2
.
Enfin, un simple systemctl restart bind9
(sur Debian) permettrait d'appliquer directement
ces modifications. Mais il nous reste encore une chose à configurer avant : permettre la
modification de cette zone à distance.
Activation des modifications de la zone à distance
Afin de permettre de modifier notre zone DNS à distance, nous allons utiliser TSIG, ce qui signifie Transaction signature. C'est une façon de sécuriser des opérations entre serveurs afin d'éditer une zone DNS, et elle est préférée par rapport à une simple sécurisation basée sur l'adresse IP des clients par exemple.
Commençons par créer une clé en utilisant la commande tsig-keygen <keyname>
.
➜ tsig-keygen letsencrypt
key "letsencrypt" {
algorithm hmac-sha256;
secret "oK6SqKRvGNXHyNyIEy3hijQ1pclreZw4Vn5v+Q4rTLs=";
};
Cela permet de créer une clé qui a le nom donné en paramètre en utilisant l'algorithme
par défaut (ici il s'agit de hmac-sha256
). L'intégralité de la sortie de cette commande
est en fait un bloc de configuration que l'on peut ajouter au reste de la configuration
de bind
.
Enfin, en utilisant la directive update-policy
, on peut permettre à cette clé d'autoriser
des modifications à distance de notre zone.
update-policy {
grant letsencrypt. zonesub txt;
};
{{< callout type=note >}}
En faisant cela, nous autorisons les utilisateur·ices à modifier l'intégralité de cette
zone en utilisant cette clé. En fait, ici nous n'aurions besoin de modifier que l'enregistrement
TXT
_acme-challenge.test.internal.example.com
, comme ce qui est spécifié pour le challenge
DNS.
Si on veut une meilleure restriction, on peut utiliser cette configuration à la place, et dans ce cas n'autoriser que la modification d'un enregistrement spécifique.
update-policy {
grant letsencrypt. name _acme-challenge.test.internal.example.com. txt;
};
{{< /callout >}}
Cela veut dire que le contenu de notre fichier named.conf.local
devient
key "letsencrypt" {
algorithm hmac-sha256;
secret "oK6SqKRvGNXHyNyIEy3hijQ1pclreZw4Vn5v+Q4rTLs=";
};
zone "internal.example.com." IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
update-policy {
grant letsencrypt. zonesub txt;
};
};
{{< callout type="warning" >}}
Il faut faire très attention au .
à la fin du nom de la zone ainsi que du nom de la clé,
c'est très facile de les oublier, ce qui causerait des problèmes difficiles à détecter.
{{< /callout >}}
Réalisation du challenge
On commence par installer le certbot avec le plugin RFC 2136 (qui nous permet de réaliser les challenges DNS).
apt install python3-certbot-dns-rfc2136
Le certbot se configure via un fichier de configuration au format .ini
, on va le placer
dans le fichier /etc/certbot/credentials.ini
.
dns_rfc2136_server = <you_dns_ip>
dns_rfc2136_port = 53
dns_rfc2136_name = letsencrypt.
dns_rfc2136_secret = oK6SqKRvGNXHyNyIEy3hijQ1pclreZw4Vn5v+Q4rTLs=
dns_rfc2136_algorithm = HMAC-SHA512
Enfin, on peut lancer le challenge en utilisant le certbot (si c'est la première fois que le bot est utilisé sur notre machine, on nous demandera d'accepter les conditions d'utilisation et de donner une adresse email pour la gestion administrative des certificats et les notifications de renouvellement, c'est normal.)
root@toolbox:~: certbot certonly --dns-rfc2136 --dns-rfc2136-credentials /etc/certbot/credentials.ini -d 'test.internal.example.com'
Saving debug log to /var/log/letsencrypt/letsencrypt.log
Requesting a certificate for test.internal.example.com
Waiting 60 seconds for DNS changes to propagate
Successfully received certificate.
Certificate is saved at: /etc/letsencrypt/live/test.internal.example.com/fullchain.pem
Key is saved at: /etc/letsencrypt/live/test.internal.example.com/privkey.pem
This certificate expires on 2024-09-30.
These files will be updated when the certificate renews.
Certbot has set up a scheduled task to automatically renew this certificate in the background.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
If you like Certbot, please consider supporting our work by:
* Donating to ISRG / Let's Encrypt: https://letsencrypt.org/donate
* Donating to EFF: https://eff.org/donate-le
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Et c'est bon, on a un certificat, et à aucun moment nous n'avons eu besoin d'exposer une application au monde extérieur.
{{< callout type="warning" >}}
On a utilisé ici le mode standalone
pour le certbot, ce qui signifie que lorsque les
certificats sont renouvelés, aucune action supplémentaire n'est exécutée. Si on utilise
un reverse proxy comme nginx
, il faut également redémarrer le serveur (ou le recharger)
afin de charger les nouveaux certificats après renouvellement car le certbot
ne le fait
pas de lui-même en mode standalone
.
{{< /callout >}}
Maintenant, comme j'aime aller beaucoup trop loin dans tout ce que je fais. on peut ajouter deux (2) améliorations à notre setup :
- Utiliser des ACL (Contrôle d'Accès) en plus des clés TSIG pour sécuriser les opérations sur notre serveur DNS
- Utiliser un second serveur DNS accessible uniquement localement contenant nos enregistrements privés, et utiliser le serveur public uniquement pour réaliser les challenges
Bonus 1 : ajouter une couche d'authentification pour se connecter au DNS
Dans notre setup, on a utilisé TSIG afin de sécuriser l'accès au serveur DNS, ce qui signifie que la possession de la clé est nécessaire pour effectuer les opérations. Si vous êtes paranoïaque, ou que vous voulez juste en faire un peu plus, il est possible d'ajouter une seconde couche d'authentification en utilisant des Listes de Contrôle d'Accès (ACL).
Les ACL nous permettent de filtrer les opérations autorisées en se basant sur plusieurs caractéristiques, par exemple l'adresse IP, une clé TSIG, etc. Dans notre cas, nous allons utiliser un sous-réseau IPV4 qui se situe à l'intérieur d'un tunnel Wireguard entre notre serveur applicatif (client DNS qui veut réaliser le challenge) et le serveur DNS. Cela peut être n'importe quel type de tunnel, mais Wireguard est facile à configurer et est parfait pour notre cas d'usage.
Configuration de Wireguard
Commençons par créer le tunnel Wireguard
On commence par créer deux paires de clé Wireguard, cela peut se faire de la façon suivante
# Installation des outils Wireguard
apt install wireguard-tools
# Création de la paire de clés
wg genkey | tee privatekey | wg pubkey > publickey
La clé privée se trouve dans le fichier privatekey
, et la clé publique dans le fichier
publickey
.
Ensuite, on peut créer la configuration du serveur. Commençons par placer un fichier
/etc/wg/wg0.conf
dans le serveur DNS avec le contenu suivant
[Interface]
PrivateKey = <server_private_key>
Address = 192.168.42.1/24
ListenPort = 51820
[Peer]
PublicKey = <client_public_key>
AllowedIPs = 192.168.42.0/24
Ensuite, du côté de notre client, on peut faire la même chose
[Interface]
PrivateKey = <client_private_key>
Address = 192.168.42.2/24
[Peer]
PublicKey = <server_public_key>
Endpoint = <dns_public_ip>:51820
AllowedIPs = 192.168.42.1/32
Enfin, on démarre le tunnel des deux cotés en utilisant la commande wg-quick up wg0
. Un
ping nous permet de vérifier que le tunnel est opérationnel et que le client peut bien
atteindre le serveur.
root@toolbox:~ ping 192.168.42.1
PING 192.168.42.1 (192.168.42.1) 56(84) bytes of data.
64 bytes from 192.168.42.1: icmp_seq=1 ttl=64 time=19.2 ms
64 bytes from 192.168.42.1: icmp_seq=2 ttl=64 time=8.25 ms
Pour résumer, on vient de créer un nouveau réseau privé 192.168.42.0/24
qui lie le serveur
DNS et notre client, et nous pouvons restreindre les modifications à la zone DNS afin de ne
les autoriser que depuis ce réseau privé virtuel, et non de partout comme c'était le cas
auparavant.
{{< callout type="note" >}} Les Contrôles d'Accès que nous allons utiliser ici ont plusieurs autres usages possibles, tels que cacher certains domaines, ou servir différentes versions d'une zone en fonction de l'origine du client. Ça n'est pas vraiment l'objet de ce post cependant. {{< /callout >}}
Configuration du serveur DNS
En utilisant des ACLs, nous allons séparer la zone DNS en différentes vues basées sur l'adresse IP source. Notre objectif est donc que :
- les utilisateur·ices venant de notre réseau Wiregaurd
192.168.42.0/24
puissent modifier les enregistrements DNS en utilisant la clé TSIG définie précédemment - les utilisateur·ices venant de toute autre adresse IP puissent lire notre zone DNS, mais sans pouvoir la modifier, même avec la bonne clé TSIG
Les ACL se définissent dans named.conf.local
en utilisant la syntaxe suivante
acl local {
127.0.0.0/8;
192.168.42.0/24;
};
Cela permet de considérer que les adresses locales, ainsi que les adresses de notre réseau
Wireguard sont dans un groupe nommé local
, et on peut utiliser ce groupe pour les
référencer dans le reste de notre configuration.
Ensuite, une vue se crée de la façon suivante :
view "internal" {
match-clients { local; };
zone "internal.example.com." IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
update-policy {
grant letsencrypt. zonesub txt;
};
};
};
Globalement, cela signifie que notre vue internal
n'est utilisable que pour les clients
qui correspondent bien à notre liste d'accès local
que nous venons de définir. Dans cette
vue, nous définissons la zone internal.example.com
comme dans les sections précédentes.
Nous devons également déclarer la zone pour les utilisateurs non-locaux qui ne vont dont
pas correspondre à l'ACL local
. Il est important de souligner que l'on ne peut pas
utiliser le même fichier de zone pour deux zones différentes, donc nous ne pouvons
pas définir la vue publique de la même façon que notre vue privée. Nous allons avoir
recours à la syntaxe suivante :
view "public" {
zone "internal.example.com." IN {
in-view internal;
};
};
Avec cette syntaxe, dans la vue public
, nous définissons la zone internal.example.com
en indiquant que cette zone se trouve dans la vue internal
. De cette façon nous servons
exactement la même zone DNS quelle que soit l'origine du client, mais la politique de mise
à jour ne s'applique pour les utilisateurs avec une adresse locale, qui seront donc les
seuls à avoir le droit de mettre à jour la zone.
En résumé, notre fichier named.conf.local
devrait ressembler à cela
acl local {
127.0.0.0/8;
192.168.42.0/24;
};
key "letsencrypt." {
algorithm hmac-sha512;
secret "oK6SqKRvGNXHyNyIEy3hijQ1pclreZw4Vn5v+Q4rTLs=";
};
view "internal" {
match-clients { local; };
zone "internal.example.com." IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
update-policy {
grant letsencrypt. zonesub txt;
};
};
};
view "public" {
zone "internal.example.com." IN {
in-view internal;
};
};
Bonus 2 : complètement cacher les adresses privées
Dans cet article, nous avons implémenté notre propre serveur DNS (ou utilisé celui de notre provider) afin de résoudre des domaines privés internes et effectuer des challenges DNS pour ces hôtes dans le but d'obtenir des certificats SSL. Cependant il reste un élément peu satisfaisant.
Par exemple, prenons cet enregistrement dans notre zone DNS
test A 192.168.1.2
Cela signifie qu'en utilisant la commande host test.internal.example.com
(ou dig, ou
n'importe quel autre outil client DNS) va renvoyer l'adresse 192.168.1.2
, que l'on
utilise notre serveur DNS, celui de Google, etc. C'est un peu dommage : cette adresse
est privée, elle n'a aucun sens en dehors de sa propre infrastructure, et, même si l'impact
est limité, donner des informations sur la nature de notre infrastructure publique est
généralement non-désirable.
Pour corriger ce problème, nous pourrions utiliser deux (2) serveurs DNS ayant chacun leur propre rôle :
- Un serveur à l'intérieur du réseau privé qui servira à résoudre ces hôtes privés
- Un serveur à l'extérieur du réseau public qui servira uniquement pour les challenges DNS
En effet, à l'intérieur de notre réseau, nous n'avons pas besoin d'être publiquement accessible,
mais nous avons besoin d'une résolution de nos noms locaux. De même, Let's Encrypt n'a besoin
d'aucun enregistrement A
pour effectuer le challenge DNS, nous n'avons besoin que d'un
unique enregistrement TXT
, donc chaque serveur a son propre rôle.
Globalement, nous avons besoin des éléments suivants :
- un serveur DNS publiquement accessible (concrètement celui des précédentes parties de cet
article) qui aura :
- uniquement son propre enregistrement
NS
- la clé TSIG et les règles permettant la mise à jour de sa zone
- le tunnel VPN optionnel
- l'enregistrement
TXT
permettant la réalisation des challenges DNS
- uniquement son propre enregistrement
- un serveur DNS privé dans l'infrastructure locale qui aura :
- tous les enregistrements
A
(et autres) de l'infrastructure privée
- tous les enregistrements
Nous allons donc séparer la configuration précédente (je vais utiliser la configuration finale obtenue dans la section Bonus 1 en guise d'exemple)
Serveur DNS privé
Du côté du serveur privé, nous n'avons besoin que de définir notre zone locale
internal.example.com
. Donc notre fichier named.conf.local
n'a besoin que
de la configuration suivante
zone "internal.example.com" IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
allow-update { none; };
};
Et la définition de notre zone ressemblerait à ceci
$ORIGIN .
$TTL 7200 ; 2 hours
internal.example.com IN SOA ns.internal.example.com. admin.example.com. (
2024070301 ; serial
3600 ; refresh (1 hour)
600 ; retry (10 minutes)
86400 ; expire (1 day)
600 ; minimum (10 minutes)
)
NS ns.internal.example.com.
$ORIGIN internal.example.com.
ns A 192.168.1.1
test A 192.168.1.2
Ce serveur devrait être configuré en tant que serveur DNS principal dans notre configuration DHCP (ou en configuration statique le cas échéant).
Serveur DNS public
Pour le serveur DNS public, nous n'avons plus besoin des enregistrements A
précédents,
mais uniquement de la configuration nécessaire afin de pouvoir mettre à jour la zone
à distance. Notre fichier named.conf.local
devrait donc ressembler à ceci (il s'agit
de la même configuration qu'avant en vérité)
acl local {
127.0.0.0/8;
192.168.42.0/24;
};
key "letsencrypt." {
algorithm hmac-sha512;
secret "oK6SqKRvGNXHyNyIEy3hijQ1pclreZw4Vn5v+Q4rTLs=";
};
view "internal" {
match-clients { local; };
zone "internal.example.com." IN {
type master;
file "/var/lib/bind/internal.example.com.zone";
update-policy {
grant letsencrypt. zonesub txt;
};
};
};
view "public" {
zone "internal.example.com." IN {
in-view internal;
};
};
Le fichier de zone devrait ressembler à ceci (nous avons enlevé l'enregistrement A
qui n'a
plus sa place dans la zone publique)
$ORIGIN .
$TTL 7200 ; 2 hours
internal.example.com IN SOA ns.internal.example.com. admin.example.com. (
2024070301 ; serial
3600 ; refresh (1 hour)
600 ; retry (10 minutes)
86400 ; expire (1 day)
600 ; minimum (10 minutes)
)
NS ns.internal.example.com.
$ORIGIN internal.example.com.
ns A 1.2.3.4
test A 192.168.1.2
Tester la configuration
Une fois que les deux serveurs sont opérationnels, et que tout est correctement configuré,
nous pouvons tester que tout fonctionne comme attendu. Il suffit d'effectuer une requête DNS
en utilisant host
, dig
, ... sur notre enregistrement privé afin de vérifier que
le comportement attendu a bien lieu.
# Nous pouvons bien atteindre notre domaine privé depuis notre infrastructure
~ …
➜ host test.internal.example.com
Using domain server:
Name: 192.168.1.1
Address: 192.168.1.11#53
Aliases:
test.internal.example.com has address 192.168.1.2
# Utiliser un serveur DNS public (ici 8.8.8.8) ne fonctionne pas
# car cet enregistrement n'existe pas en dehors de notre réseau
~ …
➜ host test.internal.example.com 8.8.8.8
Using domain server:
Name: 8.8.8.8
Address: 8.8.8.8#53
Aliases:
Host test.internal.example.com not found: 3(NXDOMAIN)
Mot de la fin
Cette méthode (en considérant également les améliorations proposées) est plus exigeante que simplement ignorer le problème et n'utiliser que des challenges HTTP. Mais une fois que l'infrastructure est en place, cela devient très simple à mettre en place, et permet d'obtenir une infrastructure très propre et facile à maintenir.
Il s'agit également de la seule façon possible d'obtenir un certificat wildcard (par exemple
*.internal.example.com
) qui permettrait d'utiliser un unique certificat pour la totalité de
notre infrastructure.
Je considère que ce type de setup est particulièrement adapté à un homelab, ou a un business de petite taille possédant une infrastructure privée, mais ne souhaitant pas s'infliger la création d'une infrastructure PKI (Infrastructure de Clé Privée) complète.